Le lit défait
Béatrice est comédienne. Ambitieuse, femme d’âge mûr elle tient à occuper la bonne place parmi la société, les mondanités parisiennes. Elle a retrouvé son ancien amant d’il y a cinq ans, Edouard, qui à l’époque ne répondait pas à ses attentes et finit par la lasser.
Contrairement à sa compagne, Edouard évite les mondanités ou du moins ne s’y intéresse guère. Trop épris de Béatrice il semble toujours aussi naïf. Il a beaucoup plus besoin d’elle qu’elle de lui. Elle le maltraite, il ne parvient pas à la quitter.
Lorsque Béatrice se déclare « ouvertement » amoureuse d’Edouard, à sa grande surprise ainsi que leur proche entourage, ils deviennent un couple en vogue, plutôt rarissime dans le monde du spectacle.
Elle, poursuit sa quête de liberté en couchant avec d’autres hommes. Quant à Edouard, devenu un auteur célèbre, il voue plus que jamais sa réussite à sa relation d’avec Béatrice.
Ce que j’en ai pensé : C’est une histoire plus lourde, plus sombre, que ceux que j’ai lus précédemment de Françoise Sagan. La description des personnages, leur caractère, leurs réactions est toujours aussi détaillée (pas étonnant qu’on puisse en faire des films).
On ressent bien la souffrance d’Edouard, son manque de liberté à lui tandis que Béatrice s’épanouit à aller à l’encontre des convenances. C’est l’histoire d’une femme qui souhaite rester libre, faire ce qu’il lui plaît même si ça peut faire souffrir. Elle souffre aussi, mais on ne la comprend.
Je n’arrive pas à très bien « cerner » Edouard, le côté dépendant de Béatrice m’agace. Mais il est aussi touchant justement par cette faiblesse.
Est aussi évoqué dans ce livre le thème de l’addiction, à la drogue pour Jolyet souffrant du cancer ainsi que la passion d’Edouard pour Béatrice. Le chapitre 16 est très marquant…
Pas de doute, j’aime toujours autant Sagan qui « donne » énormément dans ses romans. Elle parle de ce qu’elle connaît, des gens qu’elle côtoie. Peu d’écrivains font ça de nos jours non ?
Extraits :
& Après cette interminable semaine, il la retrouvait ; et cette rencontre qu’il avait imaginée dorée et pourpre, prestigieuse quoi, se passait entre des murs beiges, sur une molesquine marron, devant un garçon de café gris de fatigue. « Et c’était toujours comme ça », pensait Edouard.
& En fait, c’était une des rares femmes, dans cette époque si morale, si prêcheuse et si conformiste dans son anticonformisme prétendu, c’était une des rares femmes, parmi ces serins catéchisés et ces moutons bêlant au loup, qui fussent aussi fières de leurs vilenies que de leurs bonnes actions.
& Elle jetait ses armes avec autant d’éclat et de bruit qu’elle s’en était servie jadis, mais l’abandon de l’amour, sa reddition épatait moins ses amis que sa férocité habituelle. Des femmes amoureuses, mon Dieu, il n’en manquait pas, mais des femmes indépendantes, et féroces, et fières de l’être, c’était beaucoup plus rare.
¨¨¨¨¨