Mon nom est rouge - Orhan Pamuk
Nous sommes en Turquie, au temps des sultans, soufis et autres vizirs. Un homme a été assassiné. Du fond de son puits, son âme ne trouvant pas le repos s’interroge : qui ? Dans quel but ?
Ce Monsieur travaillait au service de l’Oncle en tant qu’enlumineur, à l’élaboration d’un nouvel ouvrage commandé par le Sultan avec d’autres peintres.
Dans la maison de l’Oncle, sa fille Shékuré et ses deux garçons ont trouvé refuge. Celle-ci souhaite se remarier.
Après douze ans d’absence, réapparaît Monsieur Le Noir, venu notamment aider l’Oncle à terminer son livre et aussi, surtout, pour reconquérir sa fille jadis perdue.
Autour d’eux gravitent Esther, l’entremetteuse, Hayriyé, la servante, Hassan le beau-frère de Shékuré et trois peintres dont l’un d’eux est forcément l’assassin.
Ce que j’en ai pensé :
J’ai bien apprécié le début du roman : l’âme du défunt qui parle et veut savoir ce qu’il s’est passé. L’écriture d’Orhan Pamuk est originale puisqu’il se met dans la peau de tous ses personnages et parle à la première personne. Quelques animaux et la peinture elle-même ont leur mot à dire.
C’est un style bien particulier, très oriental avec moult détails. Comme Claire, je trouve que l’intrigue n’est pas terrible et j’ai eu du mal à m’accaparer l’histoire.
Néanmoins, j’ai trouvé agréable d’être transportée dans un tout autre univers et découvrir le monde des enlumineurs et peintres de l’époque.
L’importance donnée au manuscrit qui peut entraîner jusqu’au meurtre me rappelle un peu « Le nom de la Rose », en moins sombre. J’ai également trouvé un peu « bollywoodienne » les retrouvailles des deux amoureux. Les propres réflexions de Shékuré et tout le tralala autour.
L’écriture est un peu trop riche, trop détaillée pour moi, mais représente une vraie ode aux peintres, à l’art de l’époque. Plutôt attachant.
Quelques infos sur l’auteur : Orhan Pamuk est donc un écrivain turc né en 1952. Issu d'une famille aisée, francophile, son premier roman remporte plusieurs prix littéraires en Turquie. Il obtient le prix Nobel de littérature en 2006. Il est le "conteur d'une Turquie tiraillée entre la tradition musulmane et le modèle occidental".
Extraits :
& Etre heureux et dessiner. Je voudrais que les aimables lecteurs qui s’intéresseront à mon histoire et à mes peines retiennent ces deux choses comme premiers principes de ma vision du monde. Car il y a une époque de ma vie où j’ai connu un vrai bonheur dans cette maison, au milieu des calames, des livres et des miniatures.
& Ce que nous comprenons d’un livre à l’autre, d’une image à l’autre, au bout de plusieurs années, c’est qu’un grand peintre ne fait pas qu’imposer ses œuvres à nos esprits : il finit par changer tout notre paysage intérieur. Chaque image produite par son art, reproduite par notre âme, de vient pour nous, peu à peu, la mesure de la beauté du monde.
& … tout cela m’a confirmé dans la foi profonde qu’il n’est pas au monde de bonheur plus intense que celui éprouvé par un maître, transmettant son art à un bel apprenti, sinon dans cette soumission, totale, presque servile, que l’apprenti voue à son maître ; et j’ai plaint sincèrement ceux qui ne peuvent comprendre cela.